Agé de 37 ans, Humza Yousaf a été élu lundi à la tête du parti indépendantiste écossais (SNP) majoritaire, à l’issue d’un scrutin interne déclenché par la démission surprise de Nicola Sturgeon le mois dernier après huit ans en poste.

Jusqu’alors ministre de la Santé, M. Yousaf -un proche de Mme Sturgeon- doit être formellement élu mardi Premier ministre par le Parlement local à Edimbourg, devenant le premier musulman à diriger un important parti politique au Royaume-Uni et une des nations constitutives du pays.

Une fois élu Premier ministre par le Parlement local, il doit être officiellement nommé à ce poste par mandat royal et prêter serment mercredi devant la Court of Session, la cour suprême écossaise.

« Génération de l’indépendance »

Après sa victoire lundi, Humza Yousaf a promis de faire partie de « la génération qui obtiendra l’indépendance pour l’Ecosse », soulignant que « le peuple » écossais a « besoin de l’indépendance dès maintenant, plus que jamais ».

A Londres, Downing Street a cependant répliqué que les Ecossais voulaient des responsables « qui se concentrent sur les problèmes les plus importants pour eux: réduire l’inflation, traiter la crise du coût de la vie et réduire les listes d’attente » dans le système de santé.

Le gouvernement écossais est compétent sur de nombreux sujets dont l’éducation, la santé et la justice. Plus largement, l’arrivée de M. Yousaf est potentiellement lourde de conséquences pour l’avenir du Royaume-Uni, dont les divisions entre ses quatre nations constitutives (Angleterre, Ecosse, pays de Galles et Irlande du Nord) ont été aggravées par le Brexit.

Lors du référendum organisé en 2014, 55% des Ecossais avaient voté contre l’indépendance, mais le débat a été relancé par la sortie de l’Union européenne: 62% des Ecossais s’y étaient opposés, une rupture avec Londres devenant un moyen de revenir dans l’Union européenne.

Mais le soutien à l’indépendance, au coeur du programme du SNP, ancré à gauche, stagne actuellement et le départ de la charismatique Nicola Sturgeon laisse planer le doute sur l’avenir.

Selon une enquête d’opinion YouGov du 13 mars, 46% des sondés se prononcent pour l’indépendance (contre 50% le mois dernier). En incluant les indécis, la proportion chute à 39%.

Sur le sujet, Humza Yousaf s’est engagé lundi à lancer un mouvement populaire en faveur de l’autodétermination, et ce même si la Cour suprême britannique a jugé l’an dernier que le gouvernement écossais ne pouvait pas organiser un nouveau référendum sans l’accord de Londres, qui s’oppose fermement à un tel scrutin.

Continuité

Humza Yousaf incarne la continuité avec des positions progressistes sur les questions de société et ancrées à gauche sur l’économie, souhaitant par exemple augmenter les impôts des plus riches en Ecosse, qui compte 5,5 millions d’habitants.

Il soutient aussi la loi controversée facilitant le changement de genre, qui a été bloquée par Londres et qui a mis en difficulté sa prédecesseure. Cette loi devait permettre la reconnaissance du changement de genre, sans avis médical et dès 16 ans.

Petit-fils d’immigrés, Humza Yousaf a rendu hommage lundi à ses grands-parents paternels, venus du Pakistan il y a 60 ans. « Cela nous rappelle que nous devrions (…) toujours célébrer les immigrés qui contribuent tellement à notre pays », a-t-il affirmé, dans une pique à peine voilée aux velléités du gouvernement britannique de durcir les conditions d’asile au Royaume-Uni.

AFP