Signé le 21 mars, le plan du FMI était déjà connu. L’accord de son conseil d’administration permet à l’institution de verser la première tranche d’aide, de 2,7 milliards de dollars.

L’objectif affirmé: permettre de « soutenir la reprise économique graduelle tout en créant les conditions d’une croissance de long terme dans un contexte de reconstruction après le conflit et sur le chemin de l’adhésion à l’Union européenne » (UE), a rappelé le Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué.

Mais ce soutien s’intègre dans un programme d’aide bien plus important de 115 milliards de dollars, impliquant d’autres organisations ainsi que les créanciers bilatéraux de l’Ukraine.

Une aide qui prend plusieurs formes, outre le plan du FMI: d’un côté un allègement de la dette existante de 20 milliards de dollars, de l’autre 80 milliards de la part des créanciers et autres institutions financières, qui se divisent « pour 20 milliards de dollars sous forme de dons, les 60 milliards de dollars restant prenant la forme de prêt concessionnel », a précisé un responsable du FMI.

Quand au plan d’aide du FMI, il est également garanti par les Etats qui soutiennent l’Ukraine depuis le début de l’offensive de son territoire par la Russie, en février 2022.

« L’annonce d’aujourd’hui s’intègre dans une stratégie globale soigneusement construite en collaboration avec les autorités ukrainiennes. La première étape était le financement d’urgence accordé l’année dernière », a détaillé Gavin Gray, le chef de mission sur place, lors d’un point de presse en distanciel.

Le nouveau plan doit permettre dans un premier temps d’aider le gouvernement ukrainien à garantir un « budget solide pour 2023 » en permettant de renforcer les ressources fiscales de l’Etat, tout en aidant à limiter l’inflation.

La seconde étape visera à réaliser les réformes structurelles nécessaires « afin de garantir la stabilité macro-économique et soutenir la reprise et la reconstruction après-guerre ».

Garanties pour l’avenir

Le FMI assure par ailleurs avoir pris en compte les nombreux aléas liés au conflit en cours, prévoyant notamment un scénario pessimiste « qui consiste à considérer que la guerre se prolonge jusque fin 2025, alors que notre scénario central est pour l’heure un conflit qui se prolonge jusqu’à l’été 2024 ».

Dans ces conditions, les prêts seraient prolongés et des financements supplémentaires pourraient être envisagés de manière à permettre au pays de prendre en compte les destructions et effets supplémentaires sur l’économie qu’une prolongation du conflit entraînerait nécessairement.

Le Fonds a par ailleurs cherché à rassurer quant à la capacité du gouvernement ukrainien de respecter ses engagements, alors que le pays n’a jusqu’ici jamais été en mesure de rembourser les sommes que le FMI avait pu lui prêter.

« Si vous comparez l’Ukraine aujourd’hui et en 2014 (date du précédent programme, NDLR), il y a eu de nombreuses réformes structurelles de menées. Cela concerne notamment la banque centrale ou les agences anti-corruption. Ces aspects font partie de ceux sur lesquels nous entendons continuer à travailler avec les autorités, elles s’y sont aussi engagées auprès de la Commission européenne », assure un responsable du FMI.

L’Ukraine a bénéficié d’un soutien important depuis le début du conflit, le 24 février 2022, tant de la Banque mondiale, qui lui a d’ores et déjà accordé plus de 20 milliards de dollars, sous forme de prêts ou de dons, que des Etats-Unis, qui lui ont apporté plus de 110 milliards de dollars en intégrant le soutien militaire.

Une part importante de ces fonds a permis de maintenir les services publics à flot et de payer les salaires des fonctionnaires, ainsi que d’assurer la prise en charge des déplacés internes.

Le pays a connu une véritable saignée en terme de richesse nationale en 2022, avec une chute de plus de 30% de son PIB mais le FMI table sur une reprise partielle et graduelle dès cette année, estimant que, selon les scénarios, l’économie ukrainienne devrait se situer entre une récession de 3% et une croissance de 1%.

L’institution prévoit une accélération en 2024 à 3,2% puis jusque 6% en 2025, et un retour en 2025 de son taux de chômage à son niveau d’avant guerre, autour de 9,8%.

AFP