Aucun des onze hommes jugés devant le tribunal correctionnel de Paris notamment pour « financement du terrorisme » et extorsion, ne reconnaît ouvertement être membre de l’organisation.

Mais les enquêteurs sont certains de leur appartenance au PKK. Et estiment que la France, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, sont bien des « bases arrières » où des « cellules clandestines » très hiérarchisées s’emploient à « mobiliser » la communauté kurde (120 à 150.000 personnes en France, 100.000 aux Pays-Bas, 1 million en Allemagne).

L’enquête a débuté en 2020 avec deux signalements pour « disparitions inquiétantes » dans le sud-est de la France et, à quelques mois d’écart, de deux femmes âgées de 18 et 19 ans.

La piste d’un « recrutement » du PKK pour rejoindre des « camps de formation » en Europe s’est rapidement dessinée. Elle a permis aux enquêteurs d’identifier un réseau actif dans la région, à travers une association à Marseille (sud-est), chargée notamment de collecter l’impôt révolutionnaire, la « kampanya », principale source de financement du PKK.

La contribution, collectée une fois par an, est fixée arbitrairement par les « collecteurs » en fonction des revenus estimés de chacun.

Au fil des ans, la justice s’est régulièrement intéressée à eux. Pour lui échapper, ils prennent désormais des précautions: les mots « kampanya » ou « PKK » ne sont pas prononcés au téléphone, on prévient plutôt qu’on passe « boire un café ».

« Adhésion totale »

Si certains paient l’impôt par conviction idéologique et « adhésion totale » au PKK, note l’enquête, « beaucoup » le vivent « comme une obligation » et n’osent s’y soustraire « par peur » de la réprobation de la communauté mais aussi de représailles en cas de non paiement –un témoin a rapporté qu’on avait menacé de lui « casser les jambes ».

Pour la « zone sud-est » de la France, le montant annuel collecté a été estimé à deux millions d’euros.

Les enquêteurs se sont aussi intéressés aux techniques de « recrutement » de jeunes personnes, parfois « brutalement extraits de leur famille », dans des conditions « proches de l’enlèvement et de la séquestration ».

Ces recruteurs « quadrillent » le territoire français pour tenter de convaincre de jeunes personnes de rejoindre d’abord un camp de « formation idéologique » en Europe. Ceux qui persévèrent sont ensuite envoyés dans des camps d’entraînement, militaires cette fois, souvent en Irak, avant d’être intégrés au groupe terroriste.

Le procès est prévu jusqu’au 14 avril.

Agences