Ce coup d’État est le huitième mené depuis 2020 en Afrique occidentale et centrale, une région qui, au cours de la dernière décennie, a fait de grands progrès pour se débarrasser de sa réputation de « ceinture de coups d’État », mais l’insécurité et la corruption persistantes ont encore ouvert la porte à l’armée.

Voici une liste de quelques coups d’État récents :

Niger

En juillet 2023, des membres de la garde présidentielle du Niger ont arrêté le président Mohamed Bazoum à l’intérieur de son palais et sont apparus à la télévision nationale pour déclarer qu’ils mettaient la main sur le pouvoir pour mettre fin à « la détérioration de la situation sécuritaire et à la mauvaise gouvernance ».

Quelques jours plus tard, la junte a déclaré le chef de la garde présidentielle, Abdourahamane Tiani, nouveau chef de l’État, soulevant des inquiétudes quant à la sécurité d’une région où le Niger est un allié clé des puissances occidentales cherchant à contenir les groupes terroristes liés à Al-Qaïda et Daesh.

Une patrouille de la police nationale du Niger passe devant l’ambassade de France à Niamey le 28 août 2023.
(AFP)

La CEDEAO, principal bloc ouest-africain, a tenté de négocier avec les putschistes, mais s’est déclarée prête à envoyer des troupes au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel si les efforts diplomatiques échouaient.

Le Niger a autorisé les forces armées du Mali et du Burkina Faso à intervenir sur son territoire en cas d’attaque.

Burkina Faso

En janvier 2022, l’armée burkinabè a renversé le président Roch Kaboré, lui reprochant de ne pas avoir réussi à contenir la violence des groupes terroristes.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, chef du coup d’État, s’est engagé à rétablir la sécurité, mais les attaques se sont aggravées, érodant le moral des forces armées, ce qui a conduit à un deuxième coup d’État en septembre 2022 transmettant le pouvoir au capitaine Ibrahim Traoré.

Guinée

En septembre 2021, le colonel Mamady Doumbouya, commandant des forces spéciales, a évincé le président Alpha Condé. Un an plus tôt, Condé avait modifié la constitution pour contourner les limites qui l’auraient empêché de briguer un troisième mandat, déclenchant ainsi des émeutes généralisées.

Doumbouya est devenu président par intérim et a promis une transition vers des élections démocratiques d’ici trois ans.

La CEDEAO a rejeté ce délai et a imposé des sanctions aux membres de la junte et à leurs proches, notamment le gel de leurs comptes bancaires.

Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte, prête serment en tant que président intérimaire.
(AFP)

Le régime militaire a ensuite proposé de commencer la transition de 24 mois en janvier 2023, mais les partis d’opposition affirment qu’il n’a pas fait grand-chose pour mettre en place des institutions et une feuille de route pour revenir à l’ordre constitutionnel.

Tchad

En avril 2021, l’armée tchadienne a pris le pouvoir après que le président Idriss Déby ait été tué sur le champ de bataille alors qu’il rendait visite aux troupes combattant les rebelles dans le nord.

Selon la loi tchadienne, le président du Parlement aurait dû devenir président, mais un conseil militaire est intervenu et a dissous le Parlement au nom de la nécessité de garantir la stabilité.

Le fils de Déby, le général Mahamat Idriss Déby, a été nommé président par intérim et chargé de superviser une transition de 18 mois vers les élections.

Le transfert anticonstitutionnel du pouvoir a provoqué des émeutes dans la capitale N’Djamena, qui ont été réprimées par les militaires.

Mali

En août 2020, un groupe de colonels maliens dirigé par Assimi Goita a évincé le président Ibrahim Boubacar Keita. Le coup d’État fait suite à des manifestations antigouvernementales contre la détérioration de la sécurité, des élections législatives contestées et des allégations de corruption.

Sous la pression des voisins ouest-africains du Mali, la junte a accepté de céder le pouvoir à un gouvernement intérimaire dirigé par des civils et chargé de superviser une transition de 18 mois vers des élections démocratiques qui se tiendront en février 2022.

Le colonel Assimi Goita, chef militaire, a pris le pouvoir en août 2020.
(Reuters)

Mais les putschistes sont entrés en confrontation avec le président par intérim, le colonel à la retraite Bah Ndaw, et ont organisé un deuxième coup d’État en mai 2021. Goita, qui avait occupé le poste de vice-président par intérim, a été élevé à la présidence.

La CEDEAO a levé certaines sanctions contre le Mali après que les dirigeants militaires ont proposé une transition de deux ans vers la démocratie et publié une nouvelle loi électorale. Le pays devrait organiser une élection présidentielle en février 2024 pour rétablir l’ordre constitutionnel.

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