Après quatre échecs en dix jours du Conseil de sécurité à agir, l’Assemblée générale a pris le relais sur ce dossier qui a mis en lumière des divisions, notamment chez les Occidentaux.

« Alors que nous sommes témoins d’une invasion terrestre d’Israël au moment où nous parlons, et en l’absence d’action déterminée du Conseil de sécurité, (la résolution) a un objectif simple mais vital, en ligne avec la raison d’être des Nations unies: la paix », a déclaré l’ambassadeur jordanien Mahmoud Daifallah Hmoud, dont le pays a élaboré le texte au nom du groupe de 22 pays arabes.

La résolution non contraignante, qui « demande une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités », a recueilli à New York sous les applaudissements 120 votes pour, 14 contre (dont Israël et les Etats-Unis), et 45 abstentions, sur les 193 membres de l’ONU.

l’Assemblée générale de l’ONU vote pour une « trêve humanitaire »
(Others)

L’ambassadeur palestinien Riyad Mansour a laissé éclater sa joie, remerciant l’Assemblée générale de son « courage » d’avoir dit « ça suffit, cette guerre doit cesser, le carnage contre notre peuple doit cesser ».

Saluant également la résolution, le Hamas a réclamé dans un communiqué « sa mise en oeuvre immédiate afin de permettre de fournir carburant et aide humanitaire aux civils ».

La résolution adoptée vendredi est largement centrée sur la situation humanitaire à Gaza, demandant notamment la fourniture « immédiate » d’eau, nourriture, carburant, électricité, et l’accès « sans entrave » de l’aide.

L’Assemblée générale condamne également « tous les actes de violence dirigés contre des civils palestiniens et israéliens, notamment tous les actes de terrorisme et les attaques sans discernement », et se dit « vivement préoccupée par la dernière escalade de la violence depuis l’attaque du 7 octobre ».

« Autorité morale »

« Honte à vous! », a lancé l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan, qualifiant cette résolution d' »infamie ».

« C’est un jour sombre pour l’ONU et pour l’humanité », a-t-il ajouté, promettant qu’Israël continuerait à utiliser « tous les moyens » à sa disposition pour « débarrasser le monde du mal que représente le Hamas ». Les Etats-Unis ont sans surprise voté contre.

Un amendement canadien voulant condamner « catégoriquement les attaques terroristes du Hamas » du 7 octobre et demander la « libération immédiate et inconditionnelle » des otages a été rejeté, recueillant malgré tout 88 voix pour, 55 contre et 23 abstentions (deux-tiers des voix exprimées étaient nécessaires pour passer).

La France, reconnaissant que « certains éléments essentiels manquent dans le texte », a malgré cela soutenu la résolution jordanienne. « Car rien ne saurait justifier les souffrances des civils », a insisté l’ambassadeur français Nicolas de Rivière.

Mais si la France, l’Espagne, ou la Belgique ont voté pour le texte, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et la Finlande se sont abstenues, tandis que l’Autriche, la République tchèque et la Hongrie ont voté contre. « Une catastrophe pour les efforts de l’UE de projeter une position commune à l’ONU », a commenté Richard Gowan, de l’International Crisis Group.

De manière plus générale, « le fait que le vote intervienne juste au moment où Israël promet d’accroitre ses opérations au sol donne à l’ONU une image d’impuissance », a-t-il ajouté.

Reste à savoir maintenant si le Conseil de sécurité arrivera à reprendre la main et à se mettre enfin d’accord.

« Nous allons utiliser l’autorité morale de l’Assemblée générale et travailler au Conseil de sécurité sur une proposition (des 10 membres non permanents) pour tenter de sortir de l’impasse », a assuré l’ambassadrice des Emirats arabes unis Lana Zaki Nusseibeh.

À l’aube du 7 octobre, l’opération militaire « Déluge d’Al-Aqsa » a été lancée contre Israël par le Hamas en collaboration avec d’autres factions palestiniennes à Gaza, en réponse « aux attaques continues des forces israéliennes et des colons contre le peuple palestinien, ses biens et ses lieux de culte, et plus particulièrement contre la mosquée Al-Aqsa dans Jérusalem-Est occupée ».

L’armée israélienne bombarde depuis sans relâche le territoire où vivent quelque 2,4 millions de Palestiniens et a annoncé vendredi soir y « étendre » ses opérations terrestres.

7.326 personnes, en majorité des civils dont des enfants, ont été tuées par les bombardements israéliens sur Gaza depuis trois semaines et 1 4000 personnes sont mortes côté israélien.

Agences