Cette lettre, datée du 9 mars et que Reuters a pu consulter vendredi, constitue une réponse à celle envoyée le même jour par l’intersyndicale, qui reprochait au président de la République une absence de réaction face à la contestation massive contre le projet de réforme des retraites, entamée en janvier et qui s’est durcie cette semaine avec des grèves reconductibles dans plusieurs secteurs.

« Le gouvernement n’est pas resté silencieux, et j’ai moi-même répondu aux questions de Français à ce sujet à plusieurs reprises sur le terrain », affirme Emmanuel Macron dans son courrier.

« Je ne sous-estime pas le mécontentement dont vous vous faites le porte-parole comme les angoisses exprimées par de nombreux Français inquiets de ne jamais avoir de retraite », ajoute-t-il.

« Le projet de loi est à présent débattu au Sénat (…) il est de mon devoir de préserver ce temps parlementaire. »

Le Sénat examine le texte depuis huit jours et a voté dans la nuit de mercredi à jeudi l’article 7 qui comprend la mesure-phare, la plus contestée, du report de 62 ans à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

Cet article n’avait pas pu être examiné à l’Assemblée nationale en raison de débats houleux et des très nombreux amendements déposés par l’opposition.

Reprochant à cette dernière « une obstruction méthodique et une volonté de priver le Sénat de sa capacité à délibérer », le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a annoncé vendredi que le gouvernement allait recourir à l’article 44.3 de la Constitution permettant de procéder à un « vote bloqué » à la chambre haute afin d’accélérer la procédure parlementaire.

« Nous aurions pu considérer que le calendrier parlementaire serait suffisant, nous considérons qu’il est absolument essentiel que le Sénat puisse se prononcer sur le fond dans la clarté », a indiqué Olivier Dussopt au Sénat.

« C’est la raison pour laquelle en application de l’article 44 alinéa 3 de la Constitution (…) le gouvernement demande à votre Assemblée de se prononcer par un vote unique sur l’ensemble du texte », a-t-il ajouté.

Ce vote « ne remet pas en cause ce qui a déjà été examiné et adopté à l’article 9 avant la suspension de séance », a précisé le ministre.

Reuters