Des hausses annuelles « sans précédent » de 3 à 4 milliards d’euros du budget des armées, sont prévues dans le projet de Loi de programmation militaire français (LPM) 2024-2030, qui sera présenté, mardi, en Conseil des ministres, a fait savoir la presse locale.

Selon le magazine « Capital », qui cite l’entourage du ministre des armées Sébastien Lecornu, la hausse du budget défense atteindra 69 milliards d’euros en 2030 contre 32 milliards en 2017, toutefois la priorité a été donnée à certains programmes d’armement au détriment d’autres.

L’enveloppe consacrée aux armées s’élèvera à 413 milliards d’euros sur sept ans, dont 13 milliards de recettes extra-budgétaires. Le ministère des Armées a précisé en ce sens que l’aide militaire de la France à l’Ukraine ne sera pas incluse dans ce montant.

« La dégradation très rapide du contexte géopolitique » marquée par la guerre en Ukraine, ainsi que « l’apparition de nombreux sauts technologiques qui ont un coût », expliquent les raisons de cette hausse vertigineuse, souligne la même source.

Le budget des armées s’ accroîtra de 3,1 milliards d’euros en 2024 puis de 3 milliards par an de 2025 à 2027, avant des hausses de 4,3 milliards par an à partir de 2028.

Le ministère des Armées souligne qu’ « il faudra éventuellement prévoir des compléments » à cette « trajectoire plancher », en fonction de la menace. L’hôtel de Brienne (siège du ministère des Armées, ndlr) espère une adoption de la LPM par l’Assemblée nationale avant le 14 juillet.

En plus d’un budget annuel de 43,9 milliards, M. Lecornu veut obtenir un financement supplémentaire de 1,5 milliard d’euros en 2023, avec pour objectifs de parer aux « urgences opérationnelles », notamment en matière de drones et de lutte anti-drones, un des points faibles du dispositif militaire français, et d’amortir les effets de l’inflation.

Pourtant, malgré cet effort conséquent et des moyens en hausse, tous les besoins militaires prévus dans le cadre de la LPM ne seront pas satisfaits. « Il n’y a pas de renoncement dans cette LPM, il y a des révisions des cadencements, quelques matériels pourront ne pas arriver en nombre aussi important que prévu à l’horizon 2030 », indique l’entourage du ministre des armées.

Ainsi, le programme Scorpion de renouvellement de la composante blindée de l’armée de Terre par des engins connectés entre eux, enregistre un recul, avec une centaine de Jaguar en moins en 2030 sur les 300 initialement prévus et quelques centaines de blindés Griffon et Serval également décalés post-2030, en contrepartie d’un prolongement de la vie des VAB (Véhicule de l’avant blindé, ndlr) et AMX-10RC.

De même, les livraisons de 42 avions de combat Rafale, prévues entre 2027 et 2030, sont reportées jusqu’à 2032. En 2030, l’armée de l’Air disposera de 137 Rafale contre 185 initialement prévus. Pour la Marine française, trois des cinq frégates de défense et d’intervention, seront opérationnelles en 2030.

Les avions de transport A400M, au nombre de 20 actuellement, passeront à 35 en 2030, alors que l’objectif final était d’atteindre le nombre de 50 appareils.

Les programmes, liés à la dissuasion nucléaire ou le calendrier du porte-avions de prochaine génération, destinés à faire la jonction avec le Charles-De-Gaulle à horizon 2038, ont été préservés.

Par ailleurs, la provision annuelle pour financer les opérations extérieures est fixée à 800 millions d’euros.

Dans le domaine spatial, Paris financera les études de la prochaine génération de satellites Celeste de renseignement d’origine électromagnétique et le successeur du programme Yoda de satellite patrouilleur, conçu pour protéger les satellites français, tandis que le troisième satellite Syracuse IV de communication est abandonné au profit d’une constellation dont les contours restent flous.

Paris cherche, en outre, à augmenter son effort sur les munitions et l’artillerie avec les canons Caesar et le remplacement en 2027 des lance-roquette unitaires (LRU) par des lance-roquettes américains « Himars » ou une solution européenne. Selon le ministère des armées, « ce sujet n’est pas tranché ».

Le financement du démonstrateur du Système de combat aérien futur (Scaf) et des études sur le futur char de combat franco-allemand MGCS, sont également prévus dans le cadre de la LPM.

AA