Le détroit de Taïwan, de 130 kilomètres de large en son point le plus étroit, est une voie maritime internationale majeure qui sépare la République de Chine – nom officiel de l’île – de la République populaire de Chine.

Samedi, trois jours d’exercices militaires autour du territoire ont été annoncés par Pékin, en représailles à la visite le 5 avril de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen aux Etats-Unis où elle a rencontré Kevin McCarthy, le président de la Chambre des Représentants.

Voici les principaux moments historiques au sein du détroit de Taïwan, où les tensions se sont transformées en crise.

Première crise du détroit de Taïwan

Les communistes de Mao Tsé-toung prennent le pouvoir à Pékin en 1949 et font fuir les nationalistes du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek à Taïwan, marquant la fin de la guerre civile chinoise.

La première crise du détroit de Taïwan éclate en août 1954 lorsque les nationalistes placent des milliers de soldats sur Kinmen et Matsu, deux petites îles situées à quelques kilomètres du continent et gouvernées par Taipei.

La Chine réplique par des bombardements d’artillerie sur ces îles et se saisit des îles Yijiangshan, à environ 400 kilomètres au nord de Taipei.

La crise est finalement désamorcée, et la Chine et les Etats-Unis échappent de justesse à un conflit direct.

Deuxième crise du détroit de Taïwan

Les combats reprennent en 1958 lorsque les forces de Mao bombardent intensément Kinmen et Matsu pour tenter à nouveau de déloger les troupes nationalistes.

Craignant que la perte des îles n’entraîne l’effondrement du gouvernement nationaliste et la prise de contrôle de Taïwan par Pékin, le président américain Dwight Eisenhower ordonne à son armée d’escorter les renforts taïwanais et de réapprovisionner ses alliés.

Les États-Unis ont même brièvement envisagé de déployer des armes nucléaires contre la Chine.

Faute de pouvoir prendre ces îles ou de vaincre les nationalistes, Pékin annonce un cessez-le-feu.

Les forces de Mao bombarderont encore Kinmen par intermittence jusqu’en 1979, et un statu quo tendu s’installe.

Troisième crise du détroit de Taïwan

La crise éclate en 1995, quand la Chine effectue des tirs d’essai de missiles autour de Taïwan en signe de mécontentement au sujet d’une visite du président Lee Teng-hui, pro-indépendance, dans une université aux Etats-Unis.

Au cours des 37 ans qui séparent les deux crises, les deux pays rivaux ont considérablement changé: la Chine toujours contrôlée par le Parti communiste entre, après la mort de Mao, dans une période de réformes, notamment économiques et s’ouvre sur le monde, tandis que Taïwan s’éloigne progressivement du régime autoritaire de Tchang Kaï-chek. L’île évolue vers une démocratie progressiste et de nombreuses personnes adoptent une identité taïwanaise distincte.

Le même scénario se reproduit une année plus tard, quand Taïwan organise sa première élection présidentielle démocratique. En réponse, les Etats-Unis envoient deux groupes de porte-avions pour repousser la Chine. M. Lee remporte largement la présidentielle.

En 1997, Newt Gingrich devient le premier président de la Chambre des Représentants américaine à visiter Taïwan.

Exercices militaires d’envergure

Il a fallu attendre 25 ans avant qu’une telle visite ne se reproduise. En 2022, Nancy Pelosi, comme Newt Gingrich précédemment, visite l’île dans le cadre d’une tournée asiatique.

Furieuse, Pékin déclenche en représailles des manœuvres militaires de grande ampleur. Taïwan est encerclée le 4 août, et la Chine effectue des tirs de missiles pendant une semaine.

Taipei répond par ses propres exercices et, dans les semaines qui suivent, les Etats-Unis envoient des navires de guerre dans le détroit et annoncent de nouveaux programmes d’aide militaire à l’île.

Moins d’un an plus tard, Tsai Ing-wen se rend aux Etats-Unis et y rencontre le président de la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy, à Los Angeles (ouest).

Le samedi 8 avril, Pékin engage trois jours de manœuvres militaires au retour de Mme Tsai sur l’île. Et le lundi 10, la Chine organise des exercices à tirs réels près de Pingtan (sud-est), point de Chine continentale le plus proche de Taïwan.

AFP