« Il s’agit de la mobilisation la plus perturbatrice de l’histoire du NHS (le service public de santé) et les grèves entraîneront d’immenses pressions », a indiqué Stephen Powis, le directeur médical du NHS Angleterre.

Selon la NHS Confederation, organisme qui représente les professionnels de santé, jusqu’à 350.000 rendez-vous non urgents pourraient être reportés. Les jeunes médecins avaient déjà fait grève pendant trois jours le mois dernier, affectant 175.000 rendez-vous.

Au Royaume-Uni, les internes (« junior doctors ») représentent environ la moitié des médecins hospitaliers, allant de jeunes lauréats à des praticiens avec plus de huit ans d’expérience.

La grève de quatre jours, qui a débuté mardi matin et va durer jusqu’à samedi matin, intervient après le long week-end de Pâques avec une partie des effectifs déjà en vacances.

« On ne peut pas retirer la moitié du personnel médical sans impact sur la sécurité des patients », a souligné sur la chaîne ITV le directeur général de la NHS Confederation Matthew Taylor.

Le syndicat BMA qui représente les internes affirme que ces médecins ont perdu 26% de rémunération, en termes réels, depuis 2008, quand une cure d’austérité a été imposée aux services de santé.

Le syndicat demande une augmentation de 35% des salaires, ce que le ministre de la Santé Steve Barclay a qualifié de « déraisonnable ».

« Les gens s’en fichent »

Au piquet de grève à l’hôpital Saint-Thomas de Londres, les médecins ont été rejoints par Phil Stucliffe, un patient de 75 ans atteint d’un cancer dont le rendez-vous a été annulé mardi, mais qui brandit une pancarte manifestant son soutien aux grévistes.

« Ces médecins font un boulot fantastique pour un salaire très modeste », a-t-il déclaré à l’agence de presse britannique PA.

Katrina Forsyth, médecin de 29 ans qui rejoint le piquet de grève après une garde de nuit, a souligné rentrer régulièrement chez elle en larmes, car elle doit fréquemment annoncer à trois ou quatre familles chaque jour le décès d’un proche.

« On nous a applaudis pendant le Covid », « mais quand on en arrive à vraiment avoir du mal à payer son loyer, les gens s’en fichent », a-t-elle déclaré à PA.

Le NHS traverse une profonde crise, affaibli par les politiques d’austérité et les conséquences de la pandémie. Alors que l’inflation dépasse 10% depuis des mois au Royaume-Uni et plombe le pouvoir d’achat, les débrayages se multiplient aussi bien chez les infirmières que chez les médecins ou les ambulanciers.

Les infirmières et autres employés de la santé ou encore les salariés du rail ont suspendu leur mouvement après avoir reçu des offres améliorées du gouvernement sur les salaires.

Une grande grève des enseignants et dans la fonction publique est prévue à la fin du mois.

AFP